Un nichoir pour les tourterelles turques
Cette semaine, un oiseau s’est posé sur l’appuie de fenêtre de la classe. Etant un amateur de nature et de sciences, je n’ai pas empêché mes élèves d’aller l’observer d’autant plus qu’elle avait l’air curieuse. Depuis ce jour là, la tourterelle est venue nous rendre visite 2 à 3 fois par jour. C’est donc tout naturellement que l’idée s’est présentée à nous : construire un nichoir pour accueillir des tourterelles turques. Leur présence régulière nous a donné envie d’aller plus loin et de créer un espace pour les accueillir durablement. C’est ainsi qu’est née cette aventure pédagogique et naturaliste.
Pourquoi la tourterelle turque ?
La tourterelle turque (Streptopelia decaocto) est un oiseau très commun dans nos villes et nos campagnes. Originaire d’Asie, elle s’est répandue dans toute l’Europe au cours du XXe siècle. Elle est facilement reconnaissable par son plumage gris-beige, sa queue longue et carrée bordée de blanc, et surtout par le collier noir qu’elle porte sur la nuque, comme un collier d’encre.
Habitudes et habitat
La tourterelle turque affectionne les milieux semi-ouverts : parcs, jardins, bordures urbaines. Elle niche souvent sur les corniches, les arbres proches des habitations, ou même sur les poteaux électriques. Elle construit un nid sommaire, fait de quelques brindilles à peine entrelacées.
Alimentation
Granivore avant tout, elle se nourrit principalement de graines, mais ne dédaigne pas quelques insectes ou petits fruits. Elle vient volontiers dans les mangeoires installées dans les jardins et peut devenir familière lorsqu’on l’observe régulièrement.
Reproduction et comportement
Les couples sont souvent fidèles et restent ensemble toute l’année. Ils peuvent avoir jusqu’à 5 ou 6 nichées par an, ce qui en fait un oiseau très prolifique. La femelle pond en général deux œufs blancs qu’elle couve avec le mâle pendant environ deux semaines. Les petits quittent le nid après une quinzaine de jours. C’est un oiseau paisible, peu farouche, qui tolère bien la proximité humaine.
Un projet pédagogique complet
Je voulais un projet qui mobilise à la fois les mains, la tête et le cœur. Côté manuel : les élèves ont appris à lire un plan, mesurer, découper, assembler. Côté savoirs : nous avons étudié l’anatomie de l’oiseau, ses comportements, son chant. Côté émotionnel : chacun a pu développer une forme d’attention au vivant, un respect silencieux et curieux pour ces hôtes ailés.
Construction du nichoir
Le plan est basé sur une structure simple et stable. Nous avons opté pour une base de 35×35 cm, une façade de 15 cm, un dos plus haut à 19,4 cm pour permettre un toit incliné. Le nichoir est semi-ouvert, adapté aux préférences de la tourterelle. Nous avons utilisé du bois non traité, poncé les bords, vissé les panneaux, puis huilé l’ensemble avec de l’huile de lin. Le nichoir est maintenant fixé à la fenêtre de la classe, bien exposé, à l’abri du vent dominant.
Réactions des élèves
Les élèves ont adoré. Ils se sont réparti les tâches naturellement : traçage, découpe, vissage, décoration. Mais le plus beau, c’est ce qu’ils ont dit : « On leur construit une maison », « Peut-être qu’elles viendront nous présenter leurs petits ! ». Ce projet a éveillé une forme d’empathie, rare et précieuse.
Et maintenant ?
Les oiseaux sont prudents. Ils s’approchent, observent, repartent. Nous aussi, on observe. On remplit une grille de suivi, on note nos hypothèses : les conditions météo, les heures de passage, les sons émis. C’est devenu notre laboratoire vivant.
« C’est comme si on leur disait : vous êtes les bienvenues ici. »
Ce que j’en retiens
C’est un petit geste, mais il ouvre sur l’invisible. Ce nichoir, c’est un prétexte pour apprendre autrement. Il donne du sens à nos gestes, il met en valeur les savoirs, il reconnecte les enfants à leur environnement immédiat. Et au fond, c’est cela qui compte.







